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VII

Souffler dans le sifflet

 

Ouenda, sans mot dire, assiste à une scénette où il jure qu’elle a dû être jouée à maintes reprises par nos deux protagonistes. Comme il était embarrassant de voir cette femme, pourtant si déterminée, se coucher à contrecœur à l’appel de son maître. Ouenda se demande bien quels genres de relations peuvent entretenir ces deux-là. Un Sauveur avec son faciès du brigand qui ne fait pas de quartier (sosie quasi parfait du gangster cambrioleur de voiture à la sauce Soweto dans « Hijack stories ») et une Mercedes qui l’attire davantage, surtout quand elle se met en colère avec ce regard pénétrant et volontaire, aussi ténébreux que ses grands yeux sont sombres. Sombres à l’évidence, où brûle singulièrement une intensité hyaline, paraphé par un petit nez droit et des lèvres finement dessinées, laissant apparaître une dentition qu’on devine parfaite. Et que dire de sa longue chevelure aux grandes boucles brunes souples et soyeuses, ou encore de ce joli corsage blanc soulignée par une petite poitrine arrogante qui finit d’asseoir sa sensualité.  

Avec du recul, même en y mettant toutes les meilleures volontés du monde, il n’y a pas une once d’harmonie dans ce tableau aux yeux de Ouenda. Il s’y dégage même, quelque chose de malsain dans cette liaison qui ne dit pas son nom. Et puis ce Vladimir, si capital quant au bon déroulement de la mission, est-il l’homme au volant du tout terrain avec lequel Mercedes s’est querellée plus tôt ? Une chose au moins dont il est certain, c’est qu’elle désespère de jouer les Mata Hari. Un déplaisant costume qu’elle est contrainte d’enfiler à nouveau, jusqu’à New York. Ah ! New York ! New York la Géante. Fascinante. Bouillonnante ! Ville de tous les possibles. De tous les désirs. De tous les plaisirs. De tous les styles. Et cela de l’aube au crépuscule. Fièrement Rock ! Crânement Rap ! Superbement Jazz le soir, quand l’heure affiche vingt heures sur la pendule. C’est comme si cette ville était pourvu d’une âme. The Soul city. New York City ! New York La Grosse Pomme et sa diversité démographiques et culturelles sans pareil. Diverse City ! Wow ! Plongeons à la découverte du Bronx, de Manhattan, de Harlem, du Queens. Le Muséum d’Histoire Naturelle abritant la reconstitution fidèle du squelette d’un vénérable rorqual bleu de cent cinquante mètres et la réplique en gélatine solidifiée d’un siphonophore imprimé en 4D de deux cent mètres. Attardons-nous un instant. Le temps d’être époustouflé ! Voilà ! La magie opère quand la science est dans tous ces états ! Explication : les particularités de ce procédé reposent dans les facultés d’adaptation qu’ont les matériaux, via des algorithmes, à réagir à un environnement ou une sensation. Pour ces exemples, une fois la pièce plongée dans l’obscurité, à l’instar du milieu dans lequel ils évoluent, le corps fuselé du cétacé se matérialise autour de sa charpente osseuse. Il ondule gracieusement et se déplace tel un navire sous-marin ou un astronef colossal, tout comme l’hydrozoaire qui s’illumine et flotte telle de la dentelle parmi une foultitude d’insolites organismes bioluminescents, dont l’aspect rappelle parfois quelques étranges phénomènes rencontrés aux confins du cosmos, où son pendant marin, aussi sommaire soit-il, semble en être le miroir. Mais c’est aussi : Central Park, Time Square et la gare de Grand Central. Son métro typique, aérien et souterrain. L’atypique skyline de béton et d’acier avec ces quelques fameux gratte-ciels comme le Flagship Superstar dans toute sa démesure qui donne l’illusion de côtoyer les étoiles. L’Empire State, le Chrysler building ou le Flatiron. Le Giant Stars Mirror, situé non loin du Madison Square Garden sur lequel on peut suivre en temps réel et en musique, les préparatifs des prochaines missions à destination de la Lune et de la colonisation de la planète Mars la Rouge (spécialement rebaptisées New Apollo Cities). Greenwich Village, Brooklyn, the Brooklyn Bridge, la Statue de la Liberté, le Mémorial de Ground Zero. Et bien sûr Spidey ! Oui ! Comment mentionner New York sans évoquer son super héros notoire ? Spider-Man lui-même bordel ! Wow !!! Autant de symboles pour New York la folle, cette hyper mégalo, mégapole. The World City ! Sexy City ! The sexiest City ! Etincelante et ténébreuse à la fois. New York, la ville sombre. The Dark City. La ville difficile où la vie n’est pas facile pour tout étranger en exil ! New York City, l’orgueilleuse cité science-fiction qui depuis, a toujours exercé chez lui, une grande fascination. Ouenda s’imagine déjà en train de déambuler dans les rues newyorkaises pendant l’été à l’ombre de cette jungle urbaine faite de verre et de béton. Il considère cette agglomération moderne, comme étant la nouvelle Rome éternelle ou la prestigieuse Babylone, avec son architecture phallique défiant les lois de la physique qui depuis les enfers, n’a de cesse de vouloir s’unir à la voûte céleste en des caresses inaccessibles comme semble l’être Mercedes, cette belle hyade angélique.

 

« Voici ce que je t’ai amené », dit Sauveur s’adressant à Mercedes qui manifeste sa désapprobation en une légère contorsion des lèvres. « Ne t’inquiète pas, ça va aller. C’est un appareil très simple à utiliser, tu verras. Et puis dis-moi, qu’est-ce qu’une espionne sans ses gadgets ? », ajoute-t-il pour la faire sourire. « Jusqu’ici, malgré tous nos efforts on n’a jamais réussi à forcer son ordinateur à distance. Et c’est là que tu interviens. Tu vas devoir le faire manuellement. Pour le pirater, tu devras connecter cette carte de transfert de données comme ceci et c’est tout. Elle infestera son appareil, en prendra le contrôle et le relais même après déconnexion. Tu n’auras rien d’autre à faire, la magie fera le reste. Tu vois, c’est un jeu d’enfants. Dans une semaine on en rigolera », dit-il tout sourire pour la convaincre. « Petite puce, aie confiance. Tout va bien se passer, tu verras. Et surtout, je veux que tu saches que tu n’es pas seule.

            —  Tu peux dire ce que tu veux ! La vérité c’est que je serai toute seule là-haut, figure-toi ! Et puis… Non, laisse tomber ! Tu sais quoi ? Après tout ça, tu me devras une bouteille du meilleur champagne. Et j’te préviens Sauv’, si j’meurs, j’te jure, j’te tue ! Tu seras en sécurité nulle part ! Même dans tes pires cauchemars, précise-t-elle en riant pour masquer ses craintes.

              —  Alors, sois assurée que je ne fermerais pas l’œil jusqu’à ton retour ».

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