top of page

VIII

Apollon

 

Snobant le buste-androïde dans le petit hall d’entrée, Heathcleef grimpe à la hâte dans l’ascenseur dont les portes en grille accordéon étaient encore ouvertes. Il file directement vers l’appartement d’Apollon. Jouant de la sonnerie, il s’y reprend même à plusieurs fois, bataillant avec la sonnette avant qu’on daigne lui ouvrir la porte. Apollon encore en caleçon, l’invite à venir prendre place au salon. Les viennoiseries qu’Heathcleef a apportées, sont ignorées par son hôte qui a toutes les peines du monde à s’extirper de la brume « morphéique » qui lui voile les yeux.

Toutefois, croissants et pains aux chocolats ne tardent pas à être investis par deux sémillantes jeunes femmes, sorties de nulle part  ̶  vêtues d’une culotte blanche et d’un débardeur de la même couleur, laissant transparaître une jolie petite poitrine pour l’une et du seul string d’un rouge étrangement hypnotique pour l’autre  ̶  massacrant au passage le petit sac en papier dans lequel ils étaient entreposés. Délicate attention de la part de si belles créatures… Dès lors, chez Heathcleef, liaisons et moteurs musculaires qui assurent l’oscillation des yeux sont définitivement rompus. Le regard restant invariablement fixé sur la petite ficelle qui n’aurait su mettre en valeur, de meilleure manière cette superbe belle paire de fesses fermes et charnues, respirant fraîcheur et insouciance. Feignant l’indifférence face à cette crise aiguë de voyeurisme, les filles, la bouche pleine, le remercient infiniment avec un bonheur qui se lit sur les visages. Décidément, être attaqué de la sorte de si bon matin, ce n’est pas humain, songe-t-il, résigné.

 

Pendant que l’une prépare le café, l’autre vient s’installer auprès d’Apollon. Ils finissent tous par prendre un petit déjeuner improvisé, mâtiné de sujets diverses où les filles dans un naturel enjoué  ̶  n’ayant apporté aucun changement concernant ce qui leur sert de tenue  ̶  font montre d’un intérêt certain pour le projet d’Heathcleef. S’est invité à l’ambiance en fond sonore, posément, le très bon « Cosa » d’Eli Prince. Aussitôt suivi de l’arrivée impromptue de Fritz, un joli Toyger. Sous ses airs débonnaires, le chat d’Apollon, d’un seul bond vient trôner comme par hasard sur les cuisses de l’une de ces dames. Et cela fait indubitablement son effet. La référence à Michel Tournier n’a jamais été aussi vraie : « Le chat semble mettre un point d’honneur à ne servir à rien, ce qui ne l’empêche pas de revendiquer au foyer, une meilleure place que celle du chien ».

[...]

La playlist rythme la soirée à l’ambiance survoltée. Mac Miller et son « Dang! » arbitre les débats. Ça tchatche de toute part. On discute verre à la main, assis sur les genoux des uns. Quand d’autres ne laissent plus la possibilité de s’asseoir sur fauteuils et canapé. Sans gêne, sans pitié. Qui perd sa place… perd sa place ! On descend des bières. Ça caquette en cuisine. Ça se bécote au salon. Quelques baisers volés par ci, subtilement dérobés par là. On danse. On se trémousse sur le « Angel » de Pharrell. Ça fait les fous. Ça rit, ça crie. Si auparavant il faisait bon chez Apollon, la différence de température entre dehors et dedans est maintenant ténue. Pourtant, même sous haute pression, le balcon comme extension, donne aux quidams à l’extérieur, l’envie de voir ce qui se passe à l’intérieur. Surtout quand filles et garçons surexcités, sont prêts à s’égosiller sur le « I’m alive! » de Johnny Thunder avec beaucoup de nanana, nanana, nanana et de couplets en yaourt pour ceux qui se sont perdus en route, en attendant de retomber sur ce qui donne son titre au morceau. Le tout sous les prestations contagieuses et enflammées des meneurs que sont Edgar, Asakawa, Charlène, Ouenda, Sabine, Katsuo, Heathcleef, Karine, Elysa, Bérénice et Gaspar.

C’est le moment de prendre des clichés. Ah ! Les expressions qu’on n’a pas souhaitées. Quand on a souri alors qu’on paraît fâché. Lorsqu’on a subitement tourné la tête du mauvais côté. Le moment ou Sabine la coquine, s’est postée devant vous. Toujours aussi photogénique Véronique. Oui ! C’est elle ! La jolie fille avec le prénom où l’on insiste lourdement sur les deux premières syllabes… {Mais oui bien sûr !}. Celle-là même qui ne masque plus son agacement. Vaine protestation, car cela ne semble pas suffire à dissuader le gros lourdaud, cantonné à ses divagations et ses vagabondages vers toutes sortes d’interprétations lubriques. Ah ! Ça c’est Charlène, prise sur le fait la bouche pleine. Qui maintenant s’énerve parce que sur la photo, elle sera vilaine. Eh, eh ! Voilà, les fameuses photos de pieds ! Quand une autre propose l’idée d’immortaliser toutes les mains vernies ou non, jointes dans une position en étoile. Les photos en mode Girl Power ! Celles entre mecs. Les mixtes. Et d’autres où on n’arrive pas à saisir ce que ça représente. Les mémorables photos d’arrière-trains féminins. Oh Yeah ! Ça, c’est chouette ! Les postérieurs masculins ? {Heu… Comment dire ? Allez, quand-même ! Parce que c’est vous mesdames !}. Ça filme par la technique du ralenti qui s’accorde parfaitement avec le délicieux « Bubbles (So High) » de Cazal Organism.

cosa-chap8
dang-chap8
bubbles-chap8
angel-chap8
Johnny Thunder
The_Bookman_footer

Climax Blues [@SV (ost)]   |   www.climax-thebookman.com 

  Tous droits réservés – Enrick Cindy CAROLSON     © Copyright – Enrick C. CAROLSON 

 2024

Mentions légales   

This website is currently not optimized for smartphones. For the best experience, we recommend visiting the site on a desktop or laptop.

bottom of page